La maladie est une chose étrange. Un jour ça va, l’autre jour ça ne va pas. On prend des médicaments pour alléger une douleur mais on doit échanger cette douleur contre un autre effet. C’est ce que j’appel le « Trade Off ». C’est rendu que je prends mes décisions basé sur ce que je peux le mieux endurer car la normalité, ou se sentir normal, m’échappe.

Aujourd’hui ça va mieux, beaucoup. Hier, et le jour d’avant, c’était un aperçu de la mort, ou de ce qui s’en approche. Un état d’abandon insupportable. On a même plus la force de pleurer. Toute notre énergie est mise à l’effort d’endurer en souhaitant presque la fin. En souhaitant que le coeur lâche. C’est difficile à exprimer. Je pense que c’est ça qui arrive en fin de vie, l’abandon. On parle souvent de « combat » contre la maladie mais, je pense de plus en plus qu’il s’agit d’un « abandon » contre celle-ci. Je ne parle pas de lâcheté ici, je pense juste que le combat se multiplie, qu’il se mène sur plusieurs fronts en même temps et qu’à un moment on se dit « S’en est assez ».

Avec la maladie, on va au bout de soi-même. Plusieurs personnes me trouvent courageux face à ce qui m’arrive. Je leur dis de ne pas se leurrer, si je pouvais faire quoi que ce soit pour guérir, je le ferais. Ma tente Estelle parle de « résilience » et je crois que c’est le mot juste. Je ne peux rien faire alors je fais avec, aussi étrange que ça puisse paraître.