On imagine rarement comment est la maladie. On sait, généralement, que lorsqu’elle nous frappe, ce n’est que pour un temps. Que ça va bien aller… Dans une heure, demain ou bientôt. Personnellement, je n’ai jamais vraiment été malade. Juste des maladies comme tout le monde et le concept de maladie grave m’était inconnu.
En ce moment je sens mes facultés diminuer. Au travail, je m’épuise plus rapidement qu’avant. Pour les sorties à pied, c’est rendu qu’aller faire mes courses tient plus du pèlerinage que de la simple sortie agréable de 20 minutes. Une chance que les services en ligne existent et que Dany est présent.
Je n’ai pas eu de bonnes nouvelles récemment. J’ai vu l’image de ma scintigraphie. On y voit très bien tous les endroits atteint par les métastases osseuses, celles que nous croyons à l’origine de mes maux de dos et de jambe gauche depuis plus de dix semaines. Demain je vais subir mon premier traitement de radiothérapie. On me dit que c’est le seul que j’ai besoin afin de soulager (le médecin a insisté sur ce mot) mes douleurs. On va donc se concentrer sur ces zones lors de cette scéance unique.
En ce qui concerne la chimiothérapie, j’ai tout arrêté le temps de soulager mes douleurs. J’ai fait deux traitements couché sur une civière et ça été les pires moments de ma vie. De plus, la recette utilisée ne semble plus fonctionner car le cancer progresse. Il faut donc aller en traitement de deuxième ligne, c’est-à-dire changer la recette pour une autre moins efficace mais qui pourrait me permettre de continuer à prolonger ma vie.
Je ne vous cache pas que moralement, ça m’affecte. Je me pose beaucoup de questions sur ce qu’est l’acharnement thérapeutique et si ça me tente de subir les effets secondaires d’une nouvelle recette. Je sais que j’étais terrorisé par mes premiers traitements et que j’ai bien vu que c’était efficace mais cette fois, après 27 traitements de chimiothérapie, je sens que mon corps n’est plus le même, qu’il n’a plus la même force qu’il avait il y a plus d’un an et demi.
Je vais donc bientôt parler à mes proches et aussi à une professionnelle du CHUM qui est habitué à discuter de ces questions. J’aurais aimé un ou une philosophe mais ça m’a tout l’air que ça n’existe pas dans le milieu de la santé.
Je vous aime.