C’est la veille de mon 13e traitement. Le premier de mon nouveau plan de traitement. La fréquence et la recette sont les mêmes, c’est-à-dire aux deux semaines. J’avais espéré que ça change mais ça me va, je vais faire avec, je fais confiance à l’oncologue. Récemment, c’est la « fin de vie » qui me vient à l’esprit. J’y pense et je me demande c’est comment.
Comme toujours, je n’irai pas Googler l’expression, de peur de trouver la réponse exacte à ma situation et lire une espèce d’explication en étapes. M’man, ma grand-mère, est partie en 2018 à l’âge de 100 ans. Je sais que ce ne sera probablement pas mon cas mais dans le sien, sa fin de vie, ou en fait ce que représente pour moi la fin de vie, s’est passée très rapidement, 2 semaines environ. Je n’ai pas eu le temps de lui dire aurevoir à l’hôpital. Guylaine me tenait au courant de son état mais très rapidement, M’man s’éteignait. Le jour ou j’avais prévu aller la voir, Guylaine m’appelait en matinée pour m’annoncer le décès de M’man. J’y pense et je me demande si M’man le savait que c’était la fin de sa vie.
Dans mon imaginaire, on le sait quand son corps s’éteint. Ma seule base est mon expérience avec le sommeil. Quand je suis fatigué, je suis incapable de lutter longtemps contre le sommeil. Je pense que ce doit être similaire avec la mort, à l’exception qu’on expérience ça qu’une seule fois.
Je ne pense pas qu’on souffre tout le temps, en fin de vie. Je pense que c’est pénible, qu’on est affaibli, qu’on ne mange pas ou très peu. Ce que j’ai vraiment peur c’est de mourir de faim, être faible au point de ne plus pouvoir s’alimenter pendant des jours. Je reviens souvent là-dessus mais en juin/juillet, je ne mangeais que très peu à cause des ascites. Une journée j’ai mangé une poignée de fraises. Je ne ressentais pas la faim parce que mes organes étaient compressés par le gonflement de mon abdomen. Ça m’a fait vraiment peur. J’ai constaté que la maladie pouvait me couper la faim au point d’en oublier de manger. J’y pense encore et ça me fait peur.